Nous parlons beaucoup de romans dans ce blog. Pour ainsi dire, nous ne parlons que de cela. Mais nous n’avons pas vraiment défini ce qu’est un roman ? Et qu’est-ce qui le distingue des autres genres littéraires ? Et ensuite, dans le roman lui-même, il existe une grande variété de genres différents. Nous allons étudier les caractéristiques principales de chacun.
A/ Les genres littéraires, pour quoi faire ?
Le roman et l’écriture étant un espace de création et de liberté, on pourrait se demander pourquoi vouloir faire rentrer la littérature dans des cases ?
Mais il faut bien reconnaître que définir le genre littéraire a quelques avantages, d’une part pour les lecteurs, d’autre part pour les auteurs.
1/ l’utilité des genres littéraires pour les lecteurs
L’avantage pour le lecteur est de s’y retrouver plus facilement parmi les 20 000 nouveaux titres qui sortent chaque année en littérature.
Quand un lecteur lit un genre littéraire bien précis, il sait exactement à quoi s’attendre. Il désire par exemple tel ou tel type d’émotion, et va se diriger vers le genre littéraire qui lui convient. Au moins, il sait à quoi s’attendre dans la mesure où l’ouvrage respecte les règles du genre.
2/ l’avantage des genres littéraires pour les auteurs
La contre-partie du point précédent, c’est que l’auteur qui s’inscrit dans un genre littéraire précis sait ce que le lecteur attend. Il sera donc plus facile de répondre à ses attentes, en obéissant donc aux règles du genre.
L’inconvénient est que ces règles peuvent devenir un carcan, et que l’auteur peut très bien vouloir s’affranchir de ses règles, mais il faut qu’il sache que d’entrée sa diffusion sera plus difficile, car classé dans la catégorie « autre » ou « divers », seul le lecteur curieux viendra y fouiner.
Évidemment, je caricature un peu, car toute classification, celle des genres littéraires est bien évidemment arbitraire. Elle évolue en fonction des époques et des cultures. Et la définition et la frontière entre chacun n’est pas forcément étanche, mais il est cependant important et intéressant d’arriver à distinguer et à connaître les principales, ou de redécouvrir certains genres oubliés.
B/ Les genres littéraires à l’époque de la Grèce antique
L’invention des arts étant un droit d’aînesse,
Nous devons l’apologue à l’ancienne Grèce.
La fontaine
La classification des arts n’est pas récente puisque ses origines remontent à la Grèce antique. Les 9 muses, filles de Zeus et de Mnémosyne (la mémoire), présidaient alors à la musique et à la poésie. Elles accompagnaient le cortège d’Apollon, dieu des arts et de la musique, sans qu’elles ne soient encore affectée à un art particulier. Ce n’est qu’à partir d’Hésiode que chacune reçoit une attribution spécifique. Il faut bien reconnaître qu’il n’est pas évident de se rendre compte aujourd’hui à quoi correspondait exactement chaque art. Les traces qui permettent de les reconstituer sont maigres, et chacun ayant probablement évolué de manière bien différente de ce qu’il était à l’origine.
1°/ Calliope « qui a une belle voix » présidait à la poésie épique,
L’épopée (nous y reviendrons plus bas) signifie littéralement : « action de faire un récit ». Et c’est donc bien ce qui se rapproche le plus du roman moderne, bien qu’à l’époque, comme on le voit, c’était un récit versifié.
2°/ Clio « qui est célèbre » présidait à l’histoire,
L’histoire n’est finalement pas très différente de l’épopée, si ce n’est comme le laisse supposer l’étymologie de Clio qu’elle concerne des personnes célèbres.
3°/ Érato présidait à la poésie lyrique et érotique,
La poésie lyrique vise à l’expression des sentiments et des émotions, et ce accompagnée par la lyre, et donc chantée. Elle a donnée naissance à l’art lyrique, qui contrairement à sa dénomination s’approcherait plus de la tragédie antique. On peut penser que ce qui s’approcherait le plus aujourd’hui de la poésie lyrique serait la musique de variété : un chanteur accompagné de sa guitare.
4°/ Euterpe « la toute réjouissante » présidait à la musique
La musique à l’époque ne devait ressembler que de manière très lointaine à ce qu’elle est aujourd’hui. Car selon Aristote, la science des sons s’approche est une « science de la mesure, supérieure aux mathématiques, car elle s’appuie sur la justesse ».
5°/ Melpomène « la chanteuse » présidait à la tragédie et au chant,
Les tragédies antiques étaient jouées dans les théâtres lors de grandes fêtes religieuses en lien avec Dionysos. Elles étaient interprétées par des acteurs et un chœur qui dansait et chantait en relation avec l’action. La grande différence avec l’épopée, et que dans cette dernière, c’est le récit qui prédomine, dans la tragédie, les actions sont directement montrées sur scène. C’est donc aujourd’hui l’Opéra, mais aussi le théâtre et le cinéma qui pourraient se rapprocher le plus de l’ancienne tragédie.
6°/ Polymnie « celle qui dit de nombreux hymnes » présidait à la rhétorique et à l’éloquence.
La rhétorique et l’éloquence sont des arts oratoires destinés à convaincre et à persuader. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui la publicité et le marketing.
7°/ Terpsichore « la danseuse de charme » présidait à la danse,
La danse est probablement un des arts dont la définition a probablement le moins évolué, même si les formes sont certainement très différentes.
8°/ Thalie « la florissante, l’abondante » présidait à la comédie,
Plus récent que la tragédie et contrairement à cette dernière qui mettait en avant les sentiments nobles, la comédie antique joue sur les instincts primaires, utilise souvent des accessoires phalliques, et se moque souvent des institutions et des personnalités contemporaines.
9°/ Et Uranie « la céleste » présidait à l’astronomie.
On pourrait être surpris de voir l’astronomie dans cette liste, mais elle s’approche de la musique en tant que « science de la mesure ». On peut également penser qu’elle ne correspond pas tout à fait à l’astronomie moderne, mais qu’elle recoupait également l’astrologie qui était étudiée dans les universités au même titre que l’astronomie jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Pourquoi remonter aux muses ? Parce que cela m’a-muse de perler des muses. Et que si j’ai ma muse, je peux écrire. Mais si je ne m’amuse pas, ce n’est pas drôle ! Elles sont les messagères des dieux et source d’inspiration pour les artistes. Car il est bien connu que c’est de l’inspiration, et donc de la respiration que naît toute création. Et que par conséquent toute création est d’origine divine. Tout créateur n’est qu’un messager des dieux, de la source ou du Créateur, comme on veut l’appeler.
C/ Les genres littéraires actuels
Si l’on se penche sur les genres qui nous sont restés, nous pouvons distinguer :
1/ La poésie,
La poésie est habituellement écrite en vers, mais pas toujours, puisqu’il existe de la poésie en prose, et qu’une forme de théâtre classique comme celui de Racine utilise les alexandrins.
Alors qu’est-ce qui caractérise la poésie ?
On pourrait la définir par opposition, et dire que ce n’est pas du théâtre, ni un roman, ni de la littérature, mais on ne serait pas beaucoup plus avancé.
Une des caractéristiques – à mon sens – de la poésie, c’est qu’elle utilise les mots et la langue dans un sens et dans un usage détourné afin de créer des expressions, mais surtout d’évoquer des sensations nouvelles, non-atteignables avec leur sens littéral.
a) De la musique avant toute chose…
La poésie privilégie ainsi la sonorité même et la musicalité des mots, et dont le rythme de la phrase, autant que leur sens. C’est pourquoi, à la fois la rime, mais la métrique du poème est aussi importante, et ce, depuis la Grèce. Comme l’écrivait Paul Verlaine dans sa tentative de définition à juste titre intitulée « Art poétique ».
b) De l’oralité de la poésie.
En ce sens, la poésie est très proche de la musique et du chant. D’ailleurs de nombreuses poésies sont mises en musique. Comme le dit le poète Léo Ferré : « Toute poésie est destinée à être lue ! » Un peu comme le théâtre, dont elle partage le besoin, la nécessité d’être incarnée.
c) En lien avec le sacré
Certains évoquent le lien entre la poésie et le sacré, avec une approche « au-delà des mots », qui touche directement l’âme ou les sens, sans passer par le mental et le raisonnement. Ce n’est pas nouveau et ce n’est pas moi qui l’invente puisque Platon écrivait déjà dans Ion au sujet des poètes : « Ils parlent en effet, non en vertu d’un art, mais d’une puissance divine ».
À l’intérieur de la poésie, les règles et les formes de poésies sont diverses et variées et ont grandement évolué au cours des époques. Elles vont du sonnet, la plus connue, à la balade, en passant par l’ode, le blason, le lai, le rondeau, etc.
2/ Le roman,
Les caractéristiques principales du roman sont qu’elle raconte une histoire écrite au travers de personnages. Le fait qu’elle soit écrite distingue ainsi le roman du théâtre et du cinéma, qui en dehors de cela ont les mêmes caractéristiques.
a)/ Les caractéristiques du roman en tant que genre littéraire
La caractéristique principale du roman est qu’elle décrit les aventures et les épreuves d’un héros.
b)/ Aux origines du roman en tant que genre littéraire
1) L’épopée
Les premières épopées sont de tradition orale et étaient transmises de génération en génération. D’ailleurs, leurs premières transcriptions,, aussi bien celle de Gilgamesh que celle d’Ulysse, laissent à penser qu’elles se rattachent également à cette tradition. Le récit des faits et exploits d’un héros caractérise l’épopée et correspond au sens littéral du mot : « action de faire un récit ». Mais leur transmission et leur présence au travers du temps ainsi que leur sujet souvent proche du mythe donne à l’épopée un caractère fondateur d’une culture ou d’un peuple dans laquelle ce dernier va se reconnaître.
2) Le dit du Genji au Japon
Au XIe siècle, une perle rare de toute beauté éclot dans l’empire du soleil levant : « Le dit du Genji », (littéralement : conte ou récit du Genji). Qualifié parfois lui aussi d’épopée, elle raconte les aventures amoureuses d’un prince de la cours impériale de Kyoto à l’époque de Heian. Car il a été écrit à la même époque par une femme du nom de plume de Murasaki Shikibu.
La manière intemporelle de raconter les sentiments humains, en fait le premier roman au sens moderne du terme. Mais c’est et cela reste également un des chefs d’œuvre de la littérature mondiale, selon les avis de Jorge Luis Borges et de Marguerite Yourcenar notamment.
3) La chanson de geste
À la même époque, c’est-à-dire vers la fin du XIe siècle, les chansons de geste font leur apparition en Europe. Dans la lignée directe des épopées, elles retracent l’histoire d’une grande famille, y associant de-ci de-là, des événements d’époque.
Elles sont le plus souvent en vers et chantée, racontée, mimée, récitée par les trouvères et les troubadours et fleuriront jusqu’à la fin du XIVe siècle.
4) Roman en vers médiévaux
– Chrétien de Troyes.
Parallèlement à la chanson de geste, naissent sous la plume du mystérieux « Chrétien de Troyes », les premiers romans de la Table Ronde, racontant la quête des chevaliers de Graal que sont Perceval, Yvain, Lancelot, Érec. Mêlant amour courtois et chevalerie, ces héros ont marqué à jamais la littérature mondiale dans leur quête du Graal, cet objet mystérieux que toutes les exégèses peinent encore à définir.
– Roman de la rose
Probablement un des premiers « roman » au sens moderne. C’est en tout cas le premier ouvrage écrit à porter ce titre. Et c’est en cela qu’il se distingue de la chanson de geste, qui était interprétée comme nous venons de le voir.
Écrit à 4 mains par Guillaume de Lloris vers 1230 puis complété par Jean de Meung vers 1275 à l’heure où l’on ne s’inquiétait pas trop de droit d’auteurs. Elle a été diffusée en plus de 300 exemplaires, ce qui est en fait une des premiers succès littéraires, à l’époque où l’imprimerie n’existait pas encore.
La première partie de ce poème s’inscrit dans la tradition du fin’amor, l’art d’aimer courtois. Il raconte la cour d’un galant pour conquérir sa bien-aimée, symbolisée par une rose, enfermée dans un jardin clôturé. Ce roman d’amour courtois serait par ailleurs parsemé de symboles alchimiques selon certains. Puis la deuxième partie disserte sur le sujet de l’amour et de bien d’autres encore.
5) L’apport de François Rabelais (1483-1553)
Impossible de ne pas citer Rabelais, qui s’inscrivant à la frontière des genres que nous avons évoqué : roman de chevalerie, roman d’amour courtois, va à la fois les reprendre et les continuer dans une œuvre originale et extrêmement novatrice. Il n’est pas exagéré de dire que Rabelais inaugure le roman moderne, en tout cas en occident.
Son Pantagruel, écrit en 1520 reprend les thèmes des romans de chevalerie pour les détourner. Il en fait une farce qui se moque avec humour de l’obscurantisme et de l’intolérance de son époque.
Et c’est surtout son Gargantua écrit aux alentours de 1533 qui laissera son nom à la postérité en dressant le portrait de ce bon vivant.
c)/ Les différents genres littéraires du roman et leurs caractéristiques :
À l’intérieur du roman lui-même, il existe toute une classification dont nous allons aborder brièvement les caractéristiques. Cette typologie n’est en rien exhaustive. Les critères de sélection et d’organisation partent de l’approche narrative et dramaturgique.
1) le roman policier
Également appelé « polar » ou tout simplement « policier »,
Origine :
Edgar Allan Poe est reconnu comme étant le précurseur du genre en occident avec notamment « Double assassinat dans la rue Morgue », dans le détective amateur Auguste Dupin doit élucider un meurtre par l’observation et la déduction. Publiée en avril 1841, cette nouvelle sera complétée de « le mystère de Marie Roger » et « La lettre volée » qui donneront naissance au genre.
Le français Emile Gaboriau reprendra l’idée avec son personnage, l’enquêteur Lecoq. Son roman policier, influencé par Poe s’intitule « L’affaire Lerouge » est publié en 1866.
Ce n’est qu’en 1887, que le fameux Sherlock Holmes naîtra sous la plus de Sir Arthur Conan Doyle, explicitement influencé par ses deux prédécesseurs.
On peut dire que c’est lui qui donnera ses lettres de noblesses au genre.
Il sera suivi par Agatha Christie qui créera le nom moins célèbre Hercule Poirot.
De plus en plus d’auteurs écriront des romans policiers, au point d’en faire un des genres littéraires les plus lus dans le monde. Il suffit de citer les noms de Muchel Bussi, Jean-Christophe Grangé, Lisa Gardner, Maxime Chattam, Fred Vargas, Harlan coben et tant d’autres pour se rendre compte que de nombreux best-sellers rentrent dans cette catégorie. Selon une étude de l’Observatoire de la librairie, 17,8 % des œuvres de fiction vendues en 2018 sont du polar.
Caractéristique du genre :
La trame dramatique constante permet au lecteur de savoir exactement à quoi s’attendre : un meurtre est commis qui doit être élucidé par un enquêteur de la police ou un détective privé. Le personnage principal est posé, son objectif aussi. On peut rapidement rentrer dans l’histoire avec la découverte du, ou des meurtres. Plusieurs constantes caractérisent ensuite le roman policier : l’enquête va d’abord s’attaquer à mieux connaître la victime et son entourage, pour pouvoir ensuite découvrir le meurtrier par des méthodes d’observation et de déduction, et déterminer le mobile du crime et son mode opératoire.
2) le thriller
Souvent assimilé au roman policier, dont il est parfois considéré comme un sous-genre, il s’en distingue toutefois de manière notable. En tout cas en termes dramaturgiques et émotionnels, il constitue clairement un genre clairement distinct du roman policier, dont il conserve cependant le cadre général, à savoir l’ambiance morbide liée au meurtre et au meurtrier. Mais là où le roman policier restait dans le domaine purement déductif, le thriller vise à faire vivre au lecteur des moments de peurs intenses, en le faisant s’identifier à une future victime d’un assassin ou d’un désaxé. Probablement que l’effet de catharsis doit jouer pour exorciser ses peurs. Comme l’enfant qui joue à se faire peur.
[h6] Principales caractéristiques du Thriller :
Dans le roman policier, le lecteur suit l’enquête du point de vue de l’enquêteur. Il se peut que l’angoisse apparaisse à l’énoncé du crime ou du mode opératoire, mais ce n’est pas l’objectif. Dans le thriller, c’est le point de vue de la victime, ou surtout de la future victime qui est envisagé. On voit bien que la temporalité et le point de vue sont très différents de celui du roman policier.
On pourrait à titre d’exemple citer « Shining », le roman de Stephen King qui a été magistralement adapté au cinéma par Stanley Kubrick.
3) Le roman noir,
Parfois considéré comme un genre à part entière, parfois considéré comme regroupant le roman policier et le thriller, le roman noir se caractérise par le portrait et des histoires abordant le côté obscur et malfaisant des êtres humains.
4) Le roman d’aventure et le roman initiatique.
Tout roman par définition raconte l’histoire d’un héros, alias le personnage principal, à qui il arrive toutes sortes d’aventures. Et ces aventures vont normalement le transformer, pour le sortir de sa condition d’homme ordinaire et en faire en quelque sorte un « surhomme ». On pourrait donc se demander pourquoi en faire un genre à part entière ? Mais en tant que genre, le roman d’aventure recouvre toute une série de récits où les aventures sont recherchées explicitement par le héros.
5) Le roman d’amour
Comme son nom l’indique, le roman d’amour se caractérise par la quête amoureuse de son personnage principal. Parfois qualifié de manière péjorative de « roman à l’eau de rose », le roman d’amour peut parfaitement être d’une grande maîtrise et receler quelques chef-d’oeuvres comme « Le rouge et le noir » de Stendhal, « Autant en emporte le vent » de Margaret Mitchell ou « Gatsby le Magnifique » de F. Scott Fitzerald.
6) La littérature érotique
On pourrait envisager la littérature érotique dans la lignée du roman d’amour, à savoir éveiller non plus des sentiments amoureux, mais des sensations plus prosaïques à ses lecteurs. De tout temps plus ou moins taboue et censurée, elle n’en reste pas moins présente au fil des époques. Et certains grands auteurs se sont même essayés à cette littérature comme Guillaume Apollinaire, ou Boris Vian.
7) Le roman historique
Comme son nom l’indique, le roman historique se situe dans un contexte historique, soit en l’utilisant comme décors de l’intrigue, soit en utilisant des personnes connues comme personnages.
8) Les genres littéraires non-réalistes.
Je classe dans cette catégorie tous les genres romanesques qui ne respectent pas les règles usuelles de la réalité ordinaire. Sans vouloir tenter de définir ce qu’est la réalité, ce qui nous entraînerait trop loin. Certaines actions qui ne sont pas possible dans cette réalité ordinaire, le deviennent alors dans ces genres qui acceptent de déroger à la règle du réalisme.
Il faut bien distinguer la question du réalisme et la question du plausible et du crédible, qui recouvrent deux notions différentes.
8a) la science-fiction
La science-fiction se caractérise par une vision futuriste de la société ou d’une société basée sur des avancées de la science, non encore actualisée dans notre réalité quotidienne, mais que le développement des technologies permettrait d’envisager dans une société future.
8b) le roman fantastique
Le roman fantastique prend sa source dans une vision de la réalité normale, dans laquelle une règle change et n’obéit plus à l’image que nous nous en faisons.
Par exemple, un personnage a la capacité de passer à travers les murs, ou de rapetisser.
8c) la fantasy ou roman magique
La fantasy se situe dans un monde imaginaire à mi-chemin entre la science-fiction et le fantastique. La présence de la magie ou du surnaturel y est parfaitement acceptée et fait partie intégrante du cadre de la fantasy. Un des principaux représentant est Tolkien.
8d) utopie, dystopie et l’uchronie
Alors que l’utopie tente de décrire un monde idéal, la dystopie dresse au contraire le portrait d’une société qui vire au cauchemar. Quand à l’uchronie, elle reprend l’Histoire pour la modifier, et tenter d’imaginer ce qui se serait passé.
3°/ La nouvelle,
La principale distinction de la nouvelle et du roman est sa durée. Toutes les catégories du roman s’appliquent donc également à la nouvelle. On peut donc trouver des nouvelles de science-fiction, comme par exemple de nombreuses nouvelles de Philipp K. Dick
On pourrait donc classer la nouvelle comme un sous-genre du roman. Pourtant, il faut reconnaître que la durée va grandement influencer sur la manière de raconter l’histoire. Et en particulier, les personnages seront en général beaucoup moins travaillés que dans un roman, alors que la chute sera en général un élément essentiel et constitutif de la nouvelle.
4°/ Le théâtre
Le théâtre se distingue évidemment du roman dans la mesure où – comme la poésie – il ne prend naissance que dans la bouche d’un ou de plusieurs comédiens. À la différence de la poésie, il est en général présenté directement au public sur une scène de théâtre. Si l’apparition du cinéma et de la télévision a en partie occulté ce genre littéraire, il ne faut pas oublier qu’il a longtemps été présent, et a eu une influence considérable, notamment sur les populations qui ne savaient pas lire et dont le théâtre représentait ainsi la seule approche avec les histoires.
Le théâtre est directement issu de la tragédie grecque (voir ci-dessus).
Les caractéristiques du théâtre :
En terme de dramaturgie, les règles sont très proches du roman : des personnages, dont un personnage principal, qui vit et doit résoudre des aventures.
Il faut noter que la contrainte du théâtre ne permettant pas de changer facilement le décor a longtemps imposé l’unité de lieu, de temps et d’action. Il est intéressant de garder cela en mémoire quand on écrit une scène, car c’est en fait ce qui la caractérise : unité de lieu, de temps et d’action.
5°/ L’essai
L’essai se distingue du roman dans la mesure où ce ne sont plus les personnages qui portent l’histoire, mais l’auteur lui-même qui essaie de défendre une thèse. Il pourra recourir à des exemples, mais ces derniers seront purement illustratifs.
6°/ La biographie et l’autobiographie
La biographie s’attache à retracer la vie d’un personnage existant ou ayant existé « dans la vraie vie ».
Mais c’est l’auteur qui réalise lui-même sa propre biographie dans le cas de l’autobiographie.
Elle tend à rentrer dans la catégorie « histoires vraies », qui est toujours ce qui attire le lecteur. Sachant tout ce qu’il y a de fallacieux et de trompeur. Car « histoire vraie » est un oxymore, n’en déplaise à certains, et surtout à toute l’industrie cinématographique, qui sait pourtant parfaitement ce qu’elle fait en faisant la promotion d’un film avec ce sous-titre accrocheur « tirée d’une histoire vraie ».
Même l’auteur d’une autobiographie « raconte » son histoire, de son point de vue. Elle a l’accent de la vérité, justement parce qu’elle est totalement subjective et parfaitement fictive. Quand bien même l’auteur se base, de toute bonne fois, sur des faits qu’il considère comme réels. Alors que ce ne sont que des éléments de sa mémoire. Qui n’ont de réel que dans l’instant. Pour bien faire comprendre ce que je veux dire, je poserai la question : « À la recherche du temps perdu ? » est-il une autobiographie ou un roman ?
7°/ Le journal intime
Le journal intime est un exercice quotidien que je recommande, comme je l’explique dans l’article sur la routine d’écriture. Mais certains auteurs vont jusqu’à en faire un genre à part entière.
Mais ce faisant, l’auteur détourne la finalité du journal « intime », puisque son usage ne le destine pas normalement à être lu. En écrivant un « journal intime » avec l’intention de le diffuser et de le publier, n’est-ce pas finalement une autobiographie faussement introspective qui est présentée.
Mais comment distinguer les véritables journaux intimes, des œuvres écrites pour être publiées… pas facile.
8°/ Le scénario
Le scénario recoupe les grandes caractéristiques du roman. Mais tout comme le théâtre qui n’existe que dans la bouche de comédiens sur une scène de théâtre, le cinéma n’existe qu’au travers de l’incarnation des personnages par des acteurs filmés. Il reproduit par un procédé mécanique l’image et le son de ces derniers.
Le cinéma jour sur un effet de réalisme car il utilise les sens courants qui servent à percevoir la réalité. Contrairement au roman qui fait plus travailler l’imagination.
La classification des genres littéraires permet cependant à l’auteur de se familiariser avec les différents outils à sa disposition. En évaluant les genres littéraires, cela lui permet de se positionner sur ce qu’il veut et compte écrire. Il est rare, mais non impossible, de voir des auteurs connus explorer des genres littéraires différents. Ou alors, ils le feront sous un nom de plus différent, pour ne pas dérouter leur lectorat.
En établissant cette classification des genres littéraires et des genres romanesques, je me rends bien compte que c’est une opération difficile, délicate et parfois arbitraire ou imprécise. Il se peut tout à fait que vous ne soyez pas d’accord avec elle. Dites-le moi dans les commentaires.