5 octobre 2024

Qu’est-ce qu’un bon livre ?

Tout auteur rêve évidemment d’écrire un bon livre, et tout lecteur rêve également de lire un bon livre. Mais finalement, qu’est-ce qu’un bon livre ?

1/ Un bon livre est avant tout un bon récit.

Comme je l’ai expliqué dans « histoire et récit », la plupart du temps, quand nous employons le mot d’histoire, nous voulons en réalité dire « récit ». C’est donc dans son sens courant que je continuerais à employer le mot « histoire », étant bien entendu que puisqu’elle est racontée, on parle ici bien évidemment de récit.

Et par conséquent, il apparaît évidemment qu’une bonne histoire est avant tout un bon récit, à savoir qu’elle fait appel à :

a) Des personnages attachants

Pour avoir une bonne histoire, il faut que les personnages soient attachants et travaillés. Attachant ne veut pas forcément dire gentils. Cela veut dire que le lecteur peut s’identifier à eux. (Cf. l’identification au personnage) Et grosso modo, cela veut dire qu’ils sont humains, c’est-à-dire qu’ils ont des qualités et aussi des défauts, ou l’inverse, qu’ils ont un vécu et des motivations dans lesquelles le lecteur peut se reconnaître. Une ordure ou un méchant peut être présenté comme attachant, s’il est travaillé, et que l’on essaie de comprendre comment et par quoi ses actes sont motivés. Comprendre ne voulant pas dire valider ou soutenir. Mais en tout cas, c’est ce qui va rendre un personnage attachant. Et un gentil peut être totalement fade et insipide… si ses motivations ne sont pas claires, ou changeantes.

b) Une bonne intrigue

Une bonne histoire doit avoir une bonne structure dramatique. C’est—dire qu’elle doit avoir une question dramatique forte, autrement dit, une bonne intrigue, qui met le lecteur dans une attente de prévérence irrépressible pour connaître la suite. C’est une évidence, mais il faut quand même le répéter.

2/ Un bon livre suscite des émotions

Mais des personnages travaillés et une bonne intrigue ne suffisent pas forcément à créer une bonne histoire. Il manque un élément indispensable : une « bonne histoire » doit susciter des émotions.

Il existe plusieurs émotions ou sentiments que l’on peut vouloir susciter dans un roman. Cela dépend évidemment du genre de livre que nous voulons écrire, et réciproquement, le genre détermine le type d’émotion que nous voulons susciter : (cf. les genres littéraires).

a) La peur

C’est évidemment le sentiment le plus facile à susciter chez le lecteur. Ce n’est pas étonnant que les Thrillers et les Romans Policiers rencontrent autant de succès auprès de tout un lectorat. C’est que la peur est un sentiment tellement ancré chez l’être humain, qu’il suffit d’une petite sollicitation pour le rappeler à sa mémoire, et par conséquent provoquer de la peur.

b) L’amour et l’érotisme.

À l’opposé de la peur, se trouve évidemment l’amour. D’où le succès de toute la catégorie « romance ». La romance devant parfois se concrétiser par un passage à l’acte, nous avons également les romans érotiques que je rentrerai dans la même catégorie.

c) Le rire

Le rire est également une émotion qui peut être un objectif en soi dans un roman. Ce qui n’est pas facile. L’humour peut également être distillé tout au long du récit. Le rire et l’humour étant très culturel, c’est évidemment un élément beaucoup moins fédérateur. D’autant que certaines situations comme certaines blagues peuvent en faire rire certains, et en choquer d’autres.

d) La réflexion

Ce n’est pas à proprement parler une émotion, mais un livre peut inciter à réfléchir. Car un livre peut proposer une autre vision du monde, un autre paradigme. Et c’est même la caractéristiques des grandes œuvres, de proposer au lecteur une autre vision, de l’aider à voir plus loin, ou autrement, de sortir de son prêt à penser.

3/ Un bon livre est un livre qui se vend.

Quand on pense bon livre, c’est là aussi et malgré tout, une histoire qui va bien se vendre et faire un best-seller. Alors les best-sellers sont-ils tous basés sur des bonnes histoires, et des bonnes histoires font elles toutes des best-sellers ? Malheureusement non. La vente et le succès d’un livre tiennent compte de tellement de facteurs qu’il n’existe pas de recette pour écrire un best-seller.

a) La concurrence

En effet, il ne suffit pas de susciter la peur et d’écrire un bon thriller pour faire un best-seller. Car autant ce genre reste le favori des lecteurs, autant la concurrence y est d’autant plus rude. Et par conséquent, il est d’autant plus difficile d’arriver à y percer à s’y faire un nom.

b) L’effet de mode

Un roman peut susciter de l’intérêt parce que ses thématiques sont à la mode, ou que son auteur ou son éditeur ont réussit à mettre en place une campagne marketing percutante qui va faire « le buzz ».

c) Ne pas choquer

Un bon livre pour se vendre doit réunir le maximum de lecteurs, et s’il a l’ambition de devenir un best-seller, il ne doit surtout pas choquer. C’est d’ailleurs explicitement un des critères de certaines maisons d’édition : tout livre ne doit pas être susceptible de choquer qui que ce soit. On ne parle pas ici de diffamation, mais de faire un portrait d’une certaine catégorie de personnes auquel le lecteur pourrait s’identifier et se sentir stigmatisé. Autant dire que c’est presque impossible.

Mais il faut bien admettre qu’il se trouvera toujours quelqu’un se reconnaître dans un personnage, et s’y sentir blessé. Plutôt que de faire le travail qui consisterait à savoir pourquoi tel ou tel chose le blesse, il est plus prudent de supprimer tout propos susceptible d’être blessant. Nous nous retrouvons donc avec des livres aseptisée, dans une société qui l’est encore plus. Ce qui n’empêche pas les heurts, les incompréhensions, et même les violences de toute sorte qui deviennent de plus en plus nombreuses.

On pourrait dire que la question n’est pas là. Ou au contraire reconnaître que la littérature est à l’image de la société, ou l’inverse, mais qu’en-tout-cas les deux sont liées.

4/ Comment écrire un bon livre ?

Comme on vient de le voir, une bonne histoire est une alchimie délicate entre différents éléments : une bonne histoire, qui suscite des émotions et se vend bien. Et encore une fois, il n’y a pas de recette magique. On peut faire un succès de librairie avec un livre qui suscite la peur, comme la trilogie Guérilla de Laurent Oberton, qui joue sur le registre du chaos et de l’effondrement de notre civilisation. Il est écrit, par contre, comme un enchaînement de scènes sans absolument aucune structure dramatique. Il est également possible de remporter le succès, toujours dans la catégorie Roman Policier, avec la série Millenium de Stieg Larsson, où les personnages sont extrêmement bien ciselés et la construction dramatique construite précision et une parfaite maîtrise.

Pensez-vous qu’un livre doit forcément aller dans le sens de la bien-pensance pour être lu ? Ou pensez-vous qu’il est encore possible d’écrire des livres allant à l’encontre de la pensée unique ? Dites-le nous dans les commentaires.

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