28 mars 2024

Pourquoi les bêta-lecteurs sont indispensables ?

Comme nous l’avons vu dans les 7 étapes de l’écriture, il est absolument indispensable de relire son roman à différents stades de l’écriture. Mais comme il n’est pas possible d’avoir suffisamment de recul sur ce que l’on écrit, il est également important d’avoir des avis extérieurs. Ces premiers lecteurs sont essentiel pour améliorer son écriture. Ils vont avoir une influence capitale sur l’avancée et la qualité finale de votre ouvrage, aussi bien dans un sens positif, que négatif. Des critiques trop virulentes, mal dosées, mal orientées peuvent même devenir bloquantes. C’est pourquoi il faut arriver à trouver des bêta-lecteurs bienveillants. Ils doivent formuler des critiques constructives pour faire avancer votre travail sans vous emmener dans des doutes insurmontables ou des impasses.

1/ Qu’est-ce qu’un bêta-lecteur ?

Un bêta-lecteur est un des premiers lecteurs d’un livre. Il intervient normalement quand le livre est presque finalisé, mais que l’auteur a besoin d’avis extérieurs. Car il ne faut pas oublier que le bêta-lecteur est avant tout un lecteur, qu’il est rarement payé, et que par conséquent, il vous fait cadeau de son temps. Le minimum de respect est de lui proposer le meilleur de vous-même.

Un bêta-lecteur, c’est l’équivalent d’un bêta-testeur en informatique. Quand le logiciel n’est pas encore tout à fait au point et que les développeurs savent que des bugs traînent encore dans les programmes, ils utilisent des bêta-testeurs. C’est à peu près la même chose pour l’écriture. Le bêta-lecteur intervient en toute fin du processus d’écriture, au moment où votre roman est presque finalisé, mais qu’il peut encore être remodelé, amendé et corrigé.

Il est recommandé de communiquer au bêta-lecteur une version la plus aboutie possible. Le bêta-lecteur n’est pas un coach littéraire, il ne va pas vous aider dans le retravail précis des personnages, des intrigues, des scènes et de l’écriture. Il ne vous donnera qu’une impression d’ensemble. Mais c’est ça qu’on lui demande. Cela reste un lecteur.

2/ Pourquoi avez-vous absolument besoin de bêta-lecteurs ?

Le gap entre ce que l’auteur veut exprimer et ce que le lecteur perçoit est souvent très grand. Et cela relève de l’exploit pour l’auteur de déterminer lui-même ce qui est perçu ou non. Il travaille sur le sujet depuis des mois, voire des années. Donc il connaît son histoire sur le bout des doigts, en tout cas normalement. Mais est-ce que tout ce qu’il veut dire est perçu par le lecteur ? Ou au contraire n’en fait-il pas un peu trop ? Très difficile de doser entre les deux. C’est pourquoi une personne extérieure et neutre est indispensable.

3/ Quels sont les critères d’un bon bêta-lecteurs ?

bêta-lecteur

Trouver de bons bêta-lecteurs s’inscrit dans une démarche cruciale pour atteindre son public. Un certain nombre de critères vont vous aider à le sélectionner :

a) La neutralité

L’avis du bêta-lecteur se doit d’être objectif, comme nous l’avons vu précédemment. Et pour se faire aucun lien affectif ne doit venir interférer. Dans l’idéal, le bêta-lecteur doit être un parfait inconnu. Pourquoi ? Parce que toute relation, qu’elle soit amoureuse, amicale, ou professionnelle va induire un biais qui va détruire l’impartialité de la lecture. Car l’émotionnel, ou l’intérêt pur et simple va forcément intervenir, quoiqu’en disent les protagonistes. Impossible de dire ce que l’on pense à quelqu’un avec qui l’on veut garder de bonnes relations. Et c’est normal.

Pour un auteur, son roman ressemble un peu à son « bébé ». Impossible pour un proche de dire du mal, comme cette vidéo : « La photo du bébé » l’illustre parfaitement. Vos amis ne vous diront que très rarement la vérité sur votre ouvrage, c’est ainsi. En tout cas, c’est mon opinion, mais je ne suis pas le seul à la partager.

b) La bienveillance

Toutes les critiques doivent cependant être empreintes de la plus grande bienveillance. Il se peut qu’il y ait des défauts dans un roman. Au bêta-lecteur d’arriver à faire ressortir les faiblesses sans blesser l’auteur dans son amour-propre. Il peut arriver que certains propos touchent une corde sensible du lecteur. Il peut alors émettre des avis négatifs qui ne sont motivés que par son propre vécu. C’est à l’auteur d’arriver de faire la part des choses, et de ne pas tout prendre au pied de la lettre.

c) Émettre de critiques constructives

Mais il est également important que le bêta-lecteur se sente libre de faire des remarques et des critiques constructives. Mais il doit également être capable d’aller au-delà des simples « j’aime » « j’aime pas ».

d) Le bêta-lecteur n’est pas un professionnel

Avant tout, le bêta-lecteur reste une personne qui aime lire, mais qui n’est pas censée exercer une profession liée à l’écriture. Ses commentaires et ses critiques seront donc de son point de vue de lecteur « lambda ». Et c’est ce qui importe.

e) La rémunération du bêta-lecteur

Quand à la question de la rémunération du bêta-lecteur, sachant qu’il s’agit d’un service utile à l’auteur, il peut paraître légitime de verser un dédommagement pour le « travail » effectué. À vous de voir au gré à gré.

4/ Comment utiliser et interpréter les critiques ?

Toutes les critiques sont bonnes à entendre. Mais toutes les critiques ne sont pas forcément bonnes à prendre en compte. Cela veut dire qu’il faut rester très ouvert sur la possibilité et l’ouverture d’esprit à recevoir des critiques. Chaque lecteur donne son avis, et il est libre de penser et d’apprécier – ou non – la lecture qu’il a faite. Pour autant, toutes les critiques qu’il formule ne sont pas forcément à mettre en application. Il faut savoir être suffisamment sûr de soi pour assumer certains choix, quitte à déplaire à certains. Car d’une part, on ne peut pas plaire à tout le monde. D’autre part, c’est aussi ce qui fait notre personnalité d’auteur.

Par exemple, certains lecteurs peuvent trouver que le niveau de langage que vous utilisez est trop élevé, qu’il inclut trop de mots qu’il ne comprend pas. À vous de voir dans un premier temps si le bêta-lecteur que vous avez correspond à votre public. Dans un deuxième temps, à vous de choisir si vous voulez appauvrir votre langage pour vous mettre à portée du plus grand monde. Ou si au contraire, vous estimez que le lecteur aussi doit faire un effort pour lire, et qu’il sera peut-être heureux de rencontrer des mots, des expressions et des concepts nouveaux. À mon avis, ce n’est pas rendre service à la littérature, que de l’appauvrir. Mais c’est un choix.

5/ Combien de bêta-lecteurs ?

Autant les remarques et les critiques sont indispensables, autant l’excès de retour et de critiques risque d’être contre-productif. Car il se posera rapidement la question de savoir lesquelles prendre en compte, surtout si elles sont contradictoires. Je dirai qu’il vaut mieux deux ou trois bêta-lecteurs qui font une vraie lecture approfondie que plusieurs dizaines.

6/ Ou trouver ses bêta-lecteurs ?

Maintenant que nous savons que nous avons absolument besoin de besoin de bêta-lecteurs, que nous savons comment les sélectionner, comment les trouver ?

a) En fonction de la thématique

Cibler son bêta-lecteur en fonction de la thématique de l’ouvrage, à savoir de son public cible relève d’une excellente stratégie. Cela permet déjà de faire le point du public à qui s’adresse son roman. Car il sera tout à fait normal d’avoir des avis négatifs de bêta-lecteurs pour qui le livre n’est pas destiné. Ce n’est pas pour autant qu’il faut se cantonner à son public cible. Il peut être intéressant d’avoir un avis extérieur, pour voir comment il est perçu.

b) Sur des forums, des groupes d’écriture, sur des groupes

Les forums d’écritures sont des lieux privilégiés pour proposer des beta-lecture et/ou pour trouver des bêta-lecteurs.

Il existe également un groupe facebook intitulé « bêta-lecture ».

Les ateliers d’écriture peuvent également être l’occasion de trouver des bêta-lecteurs, même si l’objectif initial d’un atelier est plutôt de construire son projet.

c) Le principe de la réciprocité.

Lire un ouvrage pour en faire une lecture commentée prend du temps. Et comme il s’agit d’une première, le lecteur offre de son temps, sans absolument savoir à quoi s’attendre. C’est pourquoi il est parfaitement légitime d’espérer une réciprocité.

Cette réciprocité doit plus se comprendre de manière globale. Si je veux des bêta-lecteurs, je dois comprendre que sur un site ou un forum, je vais contribuer à l’échange et faire moi aussi des beta-lectures. Ce qui ne veut pas dire que le bêta-lecteur va donner son livre à lire à l’auteur qu’il a lu. Mais cela veut dire que sur l’ensemble, s’il n’y a pas de réciprocité, aucun outil de se genre ne peut fonctionner sur le long terme.

7/ Du bêta-lecteur à l’édition

A-t-on besoin d’un avis professionnel ? La question se pose. Les commentaires d’un bêta-lecteur permettent de détecter des failles, et la manière dont un ouvrage et perçu. Mais ils ne donneront pas de pistes pour le retravail, ou la réécriture. Dans ce cas, il va falloir se tourner vers des avis plus professionnels. C’est pourquoi il peut être intéressant de faire appel à un alpha-lecteur ou à un coach littéraire.

a) Ne pas confondre bêta-lecteur et alpha-lecteur

L’alpha lecteur est beaucoup plus près de l’écriture que le bêta-lecteur. Normalement, le roman est quasiment achevé et finalisé quand il est soumis au bêta-lecteur. Pour l’apha-lecteur, c’est l’inverse. C’est presque un texte brut ou à peine relu. Cela permet d’avoir un avis à chaud directement sur ce que l’on vient d’écrire. Contrairement au bêta-lecteur, l’alpha-lecteur doit déjà avoir une bonne intuition et connaissance des mécanismes d’écriture.

b) De l’alpha-lecteur au coach littéraire

L’alpha lecteur peut intervenir soit dans le cadre d’un échange entre auteurs, soit être un coach littéraire, soit indépendant, soit travaillant pour une maison d’édition.

c) Du bêta-lecteur à la sélection par une maison d’édition

Comme nous l’avons vu, le bêta-lecteur n’est pas un professionnel. Mais son avis peut influencer, ou permettre en quelque sorte une première sélection en vue d’une édition.

À la limite entre la beta-lecture et la selection pour éditions, plusieurs plateformes comme Wattpad les nouveaux auteurs et Fyctia proposent aux personnes inscrites de lire des livres. Ceux qui recueillent le plus d’avis positifs auront la chance de se voir édités. Souvent adossées à des maisons d’éditions, ces plateformes ne se cachent pas non plus de leur volonté de monétiser le concept.

8/ La beta-lecture, une étape clé de l’écriture

Faire relire son roman par un bêta-lecteur est donc un processus clé de l’écriture. Il fait le lien entre l’écriture proprement dite, et le ciblage de son lectorat. Mais il amorce également le premier pas vers ses premiers vrais lecteurs. Dans le meilleur des cas, cela peut même devenir une véritable passerelle pour se faire éditer.

Et vous, comment fonctionner-vous pour relire ou faire relire vos romans ? Avez-vous des bêta-lecteurs attitrés et récurrents ? Comment les sélectionnez-vous ? Dites-le nous dans les commentaires.

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